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jeudi, mars 28, 2024

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Multitude d’écoles étrangères en Afrique : Quels en sont les buts ? S’interroge Aboubacar Mandela Camara

Hier, traitée de tous les noms d’oiseaux hideux, malmenée, dépouillée, pillée, déshumanisée, dominée et dépecée ; aujourd’hui, l’Afrique fait l’objet de toutes les convoitises comme une jeune fille vierge du Fouta profond.

Mais, ce qui taraude les esprits de plus d’un, c’est la floraison des écoles étrangères sur le continent africain.

Il est temps de se poser la question de savoir : quels en sont véritablement les buts visés ?

Partout en Afrique, particulièrement en Guinée, nous voyons des écoles françaises, chinoises, libanaises, turques, arabes, américaines,…à ne citer que celles-ci.

Les spécialistes de la géopolitique pourraient mieux nous édifier sur la question, mieux que quiconque. D’ici là, voici nos essais de réponse :

  • La déliquescence des systèmes éducatifs africains :

Il n’est l’ombre d’aucun doute que du point de vue « qualité » de l’éducation, l’Afrique, surtout subsaharienne, est loin derrière. Les programmes d’enseignement sont caducs, le niveau des enseignants extrêmement faible, l’infrastructure scolaire laisse à désirer et la « crise de moralité » bat son plein.

Les ressortissants de ces pays (diplomates, experts, chercheurs, touristes et autres coopérants) ont donc tout à fait raison, sur ce point, de faire bénéficier à leurs enfants une « éducation de qualité » au même titre que ceux qui sont dans leurs pays respectifs. Et, avec eux, les enfants de la ‘’classe bourgeoise africaine’’ (hauts commis de l’Etat, fonctionnaires internationaux, opérateurs économiques et autres arrivistes) à des coûts très exorbitants.

  • La reconquête de l’Afrique :

C’est avec un cœur serré et beaucoup de regrets que les anciens « maitres civilisateurs » ont quitté, momentanément, l’Afrique au bout, parfois, de longues guerres sanglantes et dévastatrices. Mais, ils ne partirent pas si loin…On connait la suite !

D’après les projections à la fois des démographes et des économistes, l’Afrique sera, dans un proche avenir, le centre du monde ; une plaque tournante et incontournable, un grand marché mondial sans trop d’exigences ; un continent avec une main d’œuvre immense (environ deux milliards d’âmes) jeune, dynamique et à bon marché à l’instar des « esclaves » d’autres fois. Entre autres raisons qui incitent les ‘’grands de ce monde’’ à se ruer vers le continent africain pour avoir, chacun, sa part du gâteau afin de ne pas se laisser surprendre comme à la conférence de Berlin.

La meilleure façon de préparer le terrain, c’est d’implanter des écoles, offrir des bourses d’études aux jeunes africains, là-bas, chez eux. La stratégie est bien connue, c’est elle qui fut utilisée pendant la colonisation pour la formation des « cadres subalternes » et des futurs dirigeants. Parallèlement, en profiter pour promouvoir leurs valeurs culturelles, leurs produits et leurs technologies.

  • La limitation de la migration pour études

Selon Follana et Trani, cités par BARRY 2011 : Dans les années 2000, sur 1,8 million d’étudiants africains 110.000 se trouvaient à l’étranger notamment en France, aux Etats-Unis, au Canada et en Grande Bretagne.

Ces chiffres ont surement doublé ou triplé pendant cette dernière décennie au cours de laquelle plusieurs dizaine de milliers de jeunes africains dont des élèves, étudiants ou diplômés risquent ou ont risqué leurs vies en tentant de rallier l’Europe via la méditerranée.

Pour limiter ces flux migratoires-légaux ou clandestins-les pays développés pourraient être amenés à initier des programmes, bourses d’études voir créer des écoles sur le continent africain en perte d’espoir.

  • La formation de la main d’œuvre sur place :

Beaucoup d’entreprises étrangères se plaignent, nous apprend-t-on, de l’inadéquation entre la formation reçue par les jeunes africains et les emplois disponibles dans leurs sociétés ; surtout dans les domaines des mines et de la géologie. Telle serait, entre autres, une des causes qui inciterait certains pays étrangers à implanter des écoles sur le continent. A défaut, nous le savons tous, on importe la main d’œuvre depuis le pays d’origine.

L’un dans l’autre, retenons qu’une école sert, avant tout, à véhiculer les valeurs culturelles, sociales et historiques ainsi que les richesses linguistiques de ses promoteurs.

Nous aurions mieux à gagner en valorisant et qualifiant notre propre école afin que, nous aussi, nous puissions aller à la conquête du monde.

Aboubacar Mandela CAMARA

                   Sociologue/Enseignant-Chercheur/Consultant en éducation/Auteur

Promoteur et Défenseur du droit à l’éducation

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