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vendredi, mars 29, 2024

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Éducation : Une nouvelle crise pointe à l’horizon

Le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), par la voix de son secrétaire général, Aboubacar Soumah, vient d’annoncer son retrait du processus de recensement des fonctionnaires enseignants. Cela, suite au refus, dit-on, du Ministre de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique de permettre aux agents dédiés à cet effet de faire leur travail dans le monde universitaire.


Avec cette allure, nous tendons sans doute vers une nouvelle crise au cas où rien ne serait fait pour l’empêcher. Mais, il est temps de se poser un certain nombre de questions à savoir : -Quelles sont les vraies causes de l’incompréhension entre le SLECG et le gouvernement, notamment le ministre Yero ? -l’attitude du ministre Yero est-elle fondée ? -Comment éviter une nouvelle crise dans le secteur de l’éducation ? En effet, personnellement, je ne suis nullement ébahi par la discordance qui règne au sein de la commission chargée du recensement des fonctionnaires enseignants.

Une discordance qui a incité le SLECG à claquer la porte. Les raisons en sont nombreuses, mais, les plus plausibles pourraient être celles-ci : -la mauvaise gestion de la grève déclenchée par le SLECG en octobre 2018: après un peu plus de trois mois de grève (octobre 2018-Janvier 2019), le gouvernement guinéen, suite à l’implication du Chef de l’Etat, a fini par signé un protocole d’accord avec le SLECG. Ce qui a permis la suspension de la dite grève. Fort malheureusement, ni la société civile, ni les partenaires techniques et financiers ou autres institutions nationales voire internationales n’avaient été impliqués. Pire encore, aucun expert ou cabinet spécialisé n’a été sollicité pour mener à bien le processus d’assainissement du fichier des fonctionnaires enseignants.

Le SLECG et le gouvernement se sont accaparés de toutes les commissions évoquées dans le protocole d’accord y compris le suivi et l’évaluation. Le comble du ridicule ! A souligner que les ministres en charge de l’éducation, à l’exception de celui de l’enseignement technique et la formation professionnelle, n’ont pas pris part aux négociations. -L’imprécision du protocole d’accord : Dès le lendemain de sa signature, nous l’avons dénoncé en y relevant un certain nombre de limites. Le protocole n’indique nulle part si tous les compartiments du secteur de l’éducation nationale faisaient partie du processus de recensement. On ne fait que des raisonnements plus ou moins logiques. Chaque camp tire ainsi le drap de son côté. -Le manque de confiance et de responsabilité : Tout au long de la récente grève du SLECG, la suspicion, les menaces et attaques interpersonnelles prenaient le dessus sur les débats de fond.

La relation entre le SLECG et le ministre Yero BALDE en est illustratrice. Jusque-là, ce même esprit anime les différentes parties prenantes. Chose qui ne favorise pas l’esprit d’équipe et la bonne collaboration entre partenaires. Pour aborder la deuxième question parlant de l’attitude du Ministre Yero, convenons-en, qu’il est difficile de trancher sur ce cas. Sur la forme, le Ministre Yero peut s’enorgueillir de certains arguments notamment la non clarification des compartiments concernés dans le protocole et les différentes opérations de recensement déjà effectuées dans son sous-secteur (enseignement supérieur et recherche scientifique). Mais, du point de vue fond et administratif, nous dirons que Yero BALDE n’a absolument pas raisons. Primo, le protocole d’accord a été signé par des émissaires du gouvernement dont le conseiller spécial du président de la république, Tibou KAMARA.

Secondo, s’il avait des propositions à faire, ce serait au moment des négociations, pas maintenant. Tertio, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique est partie intégrante du secteur de l’éducation nationale. Pour ces raisons, et tant d’autres, il serait mieux qu’il se ressaisisse avec de nous épargner d’une éventuelle crise encore. La troisième et dernière question que l’on se pose est de savoir : comment éviter une nouvelle crise dans le secteur de l’éducation ? En âme et conscience, si nous ne voulons pas biaiser cette opération d’assainissement du fichier des fonctionnaires enseignants, comme celles précédentes, le mieux serait de la confier à un cabinet indépendant de grande expertise. Cela n’exclurait pas une éventuelle implication du SLECG et des agents du gouvernement tant bien dans le processus de recensement que niveau du suivi et évaluation.

Il ne faudrait surtout pas oublier une énième fois d’impliquer la société civile et les partenaires techniques et financiers. Le Ministre Yero BALDE n’a fait que rappeler ce que l’observatoire Citoyen du système éducatif guinéen (OCSEG) avait proposé au gouvernement pour une sortie durable des crises récurrentes au sein de l’éducation, un secteur très stratégique en matière de développement.

Aboubacar Mandela CAMARA Sociologue/ Consultant en éducation

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